Benoît Biteau, paysan agronome

Benoît Biteau, paysan agronome

ZAD d'Oléron, filières de la malconche. Position de Benoît Biteau.

 

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Photo vue de l'estran, face à Oléron, depuis Ronce-les-bains...tables ostréicoles.

 

Berthegille le jeudi 7 mai 2015

 

 

 

La constitution d’une ZAD ne garantit pas toujours la légitimité du combat !

 

 

Il est des luttes qui nécessitent de pousser la résistance, quand la voie diplomatique n’a pas porté ses fruits, jusqu’à la création de ZAD.

Mais constituer une ZAD sur la base de sensations, d’impressions, d’intuitions, loin de l’objectivité d’évaluations scientifiques reconnues, relève de l’irresponsabilité, alimente l’image marginale des ZAD et des ZADistes, discrédite un outil de résistance citoyenne et l’affaibli irréversiblement pour de futurs combats pour lesquels nous pourrions en avoir besoin.

 

- Quelle crédibilité accorder à des ZADistes qui affirment que transférer la production d’huîtres des tables de l’estran vers la pleine mer pour tenter de s’affranchir d’une qualité de l’eau dégradée sur le littoral, va créer plus de déjections et donc souiller le littoral ?

 

- Quelle crédibilité accorder à des ZADistes qui affirment que l’élevage de coquillages en filière est intimement lié à l’amplification de l’utilisation des triploïdes, alors que ce type d’élevage peut nous permettre, au contraire, de nous en affranchir ? Les triploïdes ont été créées pour permettre une croissance plus rapide, ce que l’élevage en filière permettra avec des coquillages naturels collectés dans le milieu. D’ailleurs le Comité Régional de Conchyliculture a réclamé un moratoire sur les triploïdes remettant ainsi en cause l’intérêt de l’utilisation de ce matériel génétique, tout en proposant une alternative par ces élevages en filière, pas davantage industriel que celui réalisé sur les tables de l’estran, mais qui eux sont rendus délicats en raison de la dégradation des écosystèmes provoquant d’importantes mortalités.

 

- A quel genre de ZADistes avons-nous à faire quand ils volent au secours de richissimes plaisanciers propriétaires d’embarcations dont les tarifs des bateaux et la réservation d’anneaux pour les accueillir sur nos ports de plaisance, sont justes une injure à la misère ? Tout ça parce que l’activité primaire conchylicole va les priver d’un terrain de jeu de 1,250 km sur 2 km, alors que le reste de l’océan est à leur disposition. Et ces gens là, convoquent dans leurs arguments, la notion de partage ? De qui se moquent-ils ?

 

- La seule véritable vigilance que nous devons avoir sur ce projet, c’est le risque de trier les producteurs par leur capacité à investir dans le bateau adapté à la valorisation de ces filières. Mais cet écueil peut parfaitement être géré en :

-1. Plafonnant, par entreprise, le nombre de filières octroyées,

-2. En mutualisant le matériel nécessaire à ce mode de production, par le biais de coopérative, comme le suggère par exemple le Lycée de la Mer et du Littoral de Bourcefranc avec son bateau, le Emile GODILLEAU, afin de permettre à tous de pouvoir prolonger leurs activités conchylicoles lourdement menacées par les mortalités depuis 6 ans maintenant.

 

Et ces ZADistes prétendent que l’élevage en filière va faire disparaître les entreprises conchylicoles ?

Et si au contraire, la menace s’avérait davantage vérifiée pour ceux qui justement ne pourraient pas s’appuyer sur ces filières ?

Qu’au contraire ces filières pouvaient permettre de sauver le plus grand nombre de producteurs en espérant que de réelles avancées et de réels efforts soient réalisés sur la reconquête d’une gestion quantitative et qualitative responsable de la ressource en eau sur l’ensemble du bassin versant alimentant le bassin conchylicole?

 

Mon avis ?

C’est que les ZADs ne doivent être utilisées que dans les situations extrêmes d’échec des voies diplomatiques et quand l’intérêt supérieur des générations futures est objectivement en jeu, faisant références à l’article 35 de la déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 :

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

L’intérêt supérieur des générations futures est-il sincèrement menacé par, dans une logique de partage de l’océan, l’utilisation de 250 hectares dédiés à la conchyliculture ? N’est-ce pas, justement, exactement le contraire ?

Pourrons-nous, quand les luttes sont légitimes comme à Sivens, à Agen ou encore à Echillais, encore utilisés l’outil ZAD si cette ZAD à Boyardville, qui vient en appui des plaisanciers au détriment des paysans, continue de jeter le discrédit sur cette solution pourtant ultime, et utilisée ici à la légère avec des arguments techniques et scientifiques absolument délirants?

Les marins appellent aussi ça ... du sabordage !

 

 

Benoit BITEAU

 

Parti Radical de Gauche (Secrétaire National (Agriculture) & Délégué Régional)

 

Vice Président de la Région Poitou Charentes

Président de la commission "Ruralité, Agriculture, Pêche & Cultures marines"

Élu référent "Marennes - Oléron"

Président du Forum des Marais Atlantiques

Membre du Conseil Maritime de Façade "Sud Atlantique" - Président de la Commission Mixte "Lien Terre - Mer"

Administrateur de l'Agence de l'Eau Adour - Garonne - Président de la Commission Territoriale Charente

Membre de l'Agence de l'Eau Loire – Bretagne

Administrateur du Conservatoire Régional des Espaces Naturels & du Conservatoire du Littoral

Président du CA du Lycée de la mer et du Littoral

 

Ingénieur des Techniques Agricoles & Généticien

Conservateur du Patrimoine Technique, Scientifique & Naturel

Paysan Bio

Lauréat 2009 du Trophée National de l'Agriculture Durable


b.biteau@cr-poitou-charentes.fr
06 30 01 31 36



07/05/2015
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