France en contentieux avec l'Europe, Benoît Biteau à la Conférence de presse de Ste Soline
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VIDEO. Deux-Sèvres : à Sainte-Soline, les opposants aux bassines veulent un moratoire
Attendus sur le site de la "méga-bassine" de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, les engins de chantier ne sont finalement pas revenus sur les lieux. Un arrêt provisoire du chantier, synonyme de première victoire pour les militants écologistes qui ont tenu, ce mercredi 2 novembre, une conférence de presse afin de demander un moratoire au gouvernement.
Dans "la guerre de l’eau" des Deux-Sèvres, les militants anti "méga-bassines" viennent de remporter la première bataille. Au grand dam de la Coopérative de l’eau, le chantier de Sainte-Soline n’a pas pu reprendre comme prévu ce mercredi 2 novembre. Aucun engin de chantier n’a pénétré sur le site de la discorde.
Les gendarmes sur le qui-vive
Malgré l’important dispositif des gendarmes qui quadrillent les lieux, contrôlant automatiquement chaque véhicule et filtrant le moindre passage, les militants écologistes ont pu tenir leur conférence de presse face à la "méga-bassine". Galvanisés par cette petite victoire, les organisateurs ont lancé un ultimatum à l’État. "Nous avons réussi une énorme mobilisation ce week-end avec près de 10 000 personnes qui sont venues des quatre coins de la France. Aujourd’hui, parallèlement à l’arrêt des travaux, nous posons un ultimatum à l’État de la prise d’un moratoire à l’échelle nationale sous 15 jours", lance Marion Vigot, porte-parole de l’association "Bassine non merci", devant les micros de la dizaine de journalistes présents sur place.
Un manque de données scientifiques
Concernant leurs principales revendications, les militants déplorent une absence d’études scientifiques quant à l’évaporation de l’eau de ces "méga-bassines" et alertent sur la dégradation accélérée de l’eau stockée à cause de la formation d’algues et de micro-organismes. "Et compte tenu des sécheresses consécutives, le niveau de remplissage des nappes phréatiques pose également problème", complète Marion Vigot.
De son côté, Benoit Jaunet, porte-parole du Syndicat de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres, qui a refusé de signer en 2018 le protocole d’accord du projet, dénonce une "entourloupe". "Depuis 2018, bon nombre d’associations environnementales sont sorties de l’accord, rappelle Benoit Jaunet à La Dépêche du Midi. Sur le volet agricole, on est contre ce projet car il concentre la garantie de l’accès à l’eau a juste 5 % des exploitations desDeux-Sèvres".
Pour le porte-parole, en rien ce projet n’est destiné à l’ensemble des paysans de la région. "Demain, l’idée du gouvernement est de faire 1 000 bassines. Ce projet ne garantit en rien à l’ensemble des paysans de France d’avoir accès à de l’eau. C’est un leurre. Il faut qu’on se mette tous autour de la table. On a des arguments à faire valoir et nous demandons à être écoutés par madame la Première ministre. Le débat doit avoir lieu à l’échelle nationale. Et ce n’est pas en nous traitons d’écoterroristes qu’on trouvera une solution", martèle l’agriculteur.
« Il faut placer le sujet dans un débat de société »
Interrogé par La Dépêche du Midi, l’eurodéputé Benoît Biteau, présent également lors de cette conférence de presse, pointe du doigt l’absence de dialogue du gouvernement. "Le problème est qu’on a une vielle tradition en France qui consiste, sur les sujets agricoles, de développer des politiques publiques en cogestion avec la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). On confine le débat à une sphère agrico-agricole. Sauf qu’aujourd’hui, quand on parle d’agriculture, il est également question de climat, de santé… Il faut placer le sujet dans un débat de société. Tant que ça va durer, l'État doit s'attendre à ce genre de manifestation", avertit l'élu écologiste qui se veut toutefois optimiste. "Je crois malgré tout en la prise de conscience de l’État. Je pense que le moratoire va être au moins engagé sur les bassines de la région afin qu’on puisse en débattre paisiblement."
"Les travaux vont bien reprendre"
Contactée, la Coopérative de l’eau des Deux-Sèvres ne semble pas du même avis. "Nous avons déjà mis toutes les parties autour de la table en 2017. Le projet ça fait 11 ans qu'il est en route. Un protocole d’accord a été signé en 2018. Les travaux vont bien reprendre. Et concernant le moratoire, pour l’instant, rien n’est sur la table", explique la coopérative. Quant à la date de reprise des travaux, craignant des représailles, la coopérative n'a pas souhaité communiquer sur le sujet Pour l’instant si tout le monde campe sur ses positions, les tensions semblent s’apaiser. Mais une prochaine mobilisation n’est pas à exclure.
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